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La Nationale 2 Masculine est une belle fenêtre qui permet aux espoirs français mais, pas que, de basculer dans le professionnalisme et les plus hauts échelons. On va être clair, il s’agit là d’une minorité car la majeure partie des joueurs sont tout simplement des mecs qui pratiquent ce sport à leurs « heures perdues ».
Nous sommes à un niveau très complexe où on nous demande un investissement conséquent pouvant aller jusqu’à 4 entraînements par semaine + match le week-end, tout en ayant une activité professionnelle. Oui, le handball ne fait pas tout et ne nous permettra pas de vivre lorsque les artistes auront un genou, une épaule en moins ou tout bonnement avoir les années qui les rattrapent.
On a décidé de faire un focus sur un joueur qui est arrivé en Nationale 2 masculine dans ce but-là : avoir un avenir après le handball. On remercie pour cela le club de Molsheim qui nous l’a suggéré. Si vous suivez le handball depuis un peu moins de 10 ans, vous devez sûrement connaitre Nicolas Zens, débarqué cette saison chez le promu Molsheim.
Quand on passe 4 années au Centre de Formation de Montpellier, ça ne laisse pas indifférent les fans du handball français mais aussi le joueur lui-même. C’est ce que nous explique Nicolas Zens : « Pendant ces quatre années passées au MAHB, c’est ici que je me suis construit et formé au monde professionnel. J’y ai appris la rigueur et la culture du travail et surtout la gagne. Cela reste une de mes meilleures expériences, tant par le niveau (D1, Ligue des Champions), que par la chance d’avoir côtoyé des joueurs d’un niveau exceptionnel« .
Comme beaucoup d’handballeurs débutant dans le milieu professionnel, le demi centra a dû pas mal vadrouiller, allant chez le voisin nîmois dans un premier temps où il connaîtra la relégation. L’année d’après, place à la remontée conclue par le titre de meilleur demi-centre de D2. S’en sont suivies des expériences à Angers, Strasbourg, Bagnols puis maintenant Molsheim.
Âgé seulement de 28 ans où tout sportif connait un parfait équilibre entre l’expérience et la forme physique, le choix de basculer sur de la Nationale 2 aurait pu en surprendre plus d’un. « C’est vrai que, paradoxalement, cela fait un an maintenant que je me sens vraiment en forme physiquement. On dit même que c’est le début de l’âge idéal pour un demi-centre. » Néanmoins, on ne compte plus les sportifs n’ayant pas réussi à trouver leur voie après avoir donné plus de 20 ans au handball et l’ancien joueur du MAHB l’a bien compris. « Ma reconversion est surtout le fruit d’une opportunité que j’ai estimé ne pas pouvoir laisser passer. J’ai pesé le pour et le contre, cela a été un choix difficile à faire mais qui, je pense, a été le plus sage. Une rencontre avec des personnes bienveillantes et passionnées a aussi facilité les choses.«
C’est ici que Molsheim a pu intervenir et sûrement convaincre le numéro 22 du MOC de rejoindre leurs rangs comme l’explique Philippe Mura, en charge de la recherche de sponsors et au service des joueurs : « Un ancien pro, comme Nicolas, a largement prouvé sa capacité collective et toute sa motivation. Il a été très facile pour lui de mettre sa force de caractère au service de l’entreprise. Dans le cas de Nicolas, le Carré de l’Habitat est un groupe familiale qui a tout de suite répondu favorablement à notre demande d’alternance. Cette formule, lui donne une rémunération intéressante et surtout un débouché assuré au sein de l’entreprise formatrice.«
De son côté, le demi centre reste les pieds sur terre, conscient de la chance qu’il a de pouvoir se reconvertir « J’ai actuellement intégré le service marketing et communication du Carré de l’Habitat où je poursuis une formation en alternance.Je tiens d’ailleurs à remercier mon entreprise, ainsi que les dirigeants du MOC qui ont permis cette reconversion. Je sais que, pour un sportif, il est souvent difficile de se reconvertir après une carrière professionnelle, il me semble donc important de le souligner quand une telle aide nous est apportée.«
Basculer d’un quotidien sportif à un quotidien alternant travail et entraînement n’est pas des plus simples. C’est d’ailleurs un vrai casse tête pour les préparateurs physiques que d’adapter un programme pour chaque joueur et qui n’est que trop rarement effectué. « J’ai appréhendé cela avant de commencer, j’ai toujours eu pour habitude de n’avoir que mes entraînements à gérer dans la journée. Finalement, l’adaptation a été rapide. Après une journée de concentration au bureau, les entraînements sont bienvenus et me permettent de me défouler. Le nombre d’entrainement a bien évidemment diminué mais leur qualité et celle des joueurs ont vite compensé. Je comble le manque par des entraînements physiques personnels«
Pour finir sur le club de Molsheim, c’est un avantage considérable que de pouvoir proposer ce genre d’opportunité aux joueurs : « Nous avons la chance d’être au cœur d’un bassin d’emploi très dynamique avec des sociétés en recherche permanente allant de l’ouvrier à l’ingénieur. Nous restons à disposition de nos joueurs afin de leur fournir un cadre extra handballistique accueillant.«
Cette pratique est devenue essentielle pour les clubs de Nationale 2 Masculine, désireux de faire venir des joueurs de gros calibres. On pourrait même dire qu’à l’exception des centres de formation, c’est un paramètre obligatoire à prendre en compte pour espérer basculer sur des échelons supérieurs. Nous remercions d’ailleurs Nicolas Zens pour sa réactivité et la précision de ses réponses ainsi que le club de Molsheim.